Financement immobilier pour la Diaspora : et si nous innovions ?
Financement immobilier pour la Diaspora : et si nous innovions ?
Il n’est plus utile de rappeler ici le poids de la diaspora dans nos économies. Multiples études et statistiques ont déjà établi le rôle prépondérant des transferts de fonds qui dit- on représente une manne financière supérieure à l’aide au développement.
L’immobilier est une formidable opportunité de récupérer ces ressources financières dans des termes économiques mais encore faut-il permettre à ces sénégalais vivant à l’extérieur d’investir en facilitant le financement de leurs projets d’acquisitions immobilières. Outre les systèmes de financement classique par les banques locales qui sont à repenser, il nous faut des innovations dans les modes de financements car le Sénégal et l’Afrique en général ne pourra se contenter des modèles occidentaux mais devra faire preuve de créativité.
Financement par les banques locales
Chaque émigré aspire à avoir un toit, le pouvoir d’achat est certes supérieur à celui d’un « local » mais il faut également prendre en compte les charges relatives à une vie familiale en Europe.
Les banques qui proposent des prêts immobiliers le font souvent pour une durée relativement courte (7 ans à 15 ans en moyenne) et à des taux très élevés. Ces conditions sont très restrictives. Très peu de personnes de la diaspora sont capables de répondre à leurs critères de sélection. Outre des frais d’ouverture de dossiers, aussi incompréhensibles qu’onéreux, l’apport personnel peut constituer un écueil de taille au lieu d’être symbolique.
Les clients que je rencontre régulièrement me font part de leur désarroi quant à trouver un crédit immobilier susceptible de prendre en compte leurs revenus et charges réelles dans leur pays d’accueil ; la grande majorité préfèrera recourir à des prêts à la consommation sur place que de souscrire à un crédit immobilier dans une banque sénégalaise. Ce qui génère un manque à gagner considérable pour les banques locales au profit des banque européennes.
Le crédit bancaire peut se renouveler et nos institutions bancaires doivent désormais créer une sorte de « statut Diaspora » et proposer des solutions sur mesure : l’ouverture d’un compte, avec la gratuité des frais de tenue de compte, d’une carte bancaire internationale, d’un accès à la Banque Digitale, épargne logement permettant financer toutes formes de projets immobiliers avec la gratuité des virements reçus de l’étranger.
Beaucoup d’élites des milieux financiers et mêmes politiques pensent qu’il est opportun de créer une véritable banque d’investissement pour la Diaspora.
Ce ne serait pas une coquetterie mais un réel instrument bancaire qui travaillerait avec tous les acteurs (les clients particuliers, les promoteurs, les autorités locales, les entreprises…) sa mission première serait par la mise en place d’un fonds de garantie. Ce fonds de garantie pourrait être financé par les transferts d’argent via Western union ; Moneygram…si à chaque transfert une somme symbolique lui était alloué. Ce fonds de garantie Diaspora assurera aux émigrés un accès facile aux crédits des banques commerciales pour le financement de leurs projets mais surtout l’octroi de crédits immobiliers pour financer leur acquisition de logements. Chacune des parties y trouvera sont compte.
Crowdfunding immobiliers, Financement Participatif…
Le crowdfunding connaît une croissance exponentielle à l’échelle mondiale. Selon la Banque Mondiale, ce mode de financement pourrait atteindre en Afrique, 2,5 Mds de dollars à l’horizon 2025 sur un total au niveau mondial de 130 milliards. Afrikstart, plateforme de financement participatif africaine, a publié en 2016 une étude intitulée « Crowdfunding in Arica ». On y découvre que plus de 10 millions d’euros ont déjà été investis dans des projets immobiliers à travers des plateformes.
Que ce soit à travers le financement par le prêt ou par l’investissement le crowdfunding immobilier présente une série d’avantages pour les populations expatriées. Le membre de la diaspora réalise un investissement productif, ciblé, rationnel et transparent qui est de surcroît moins coûteux qu’un transfert monétaire classique.
Plusieurs entreprises africaines ont donc déjà fait le pari de transposer ce nouveau modèle économique à la promotion immobilière. Le crowdfunding immobilier permettra peut-être de dépoussiérer le secteur de la promotion immobilière au Sénégal et favoriser l’émergence de projets innovants ;
… Ou tontine nouvelle génération
La mécanique fondamentale de la tontine est simple et redoutablement efficace. Les membres constituent une cagnotte avec les moyens financiers dont ils disposent et la confie à un tontinier ou à une tontinière qui joue le rôle de tiers de confiance. Chaque contributeur pourra ensuite recevoir à tour de rôle – et/ou par tirage au sort – tout ou partie de l’argent collecté. Cette forme d’entraide, culturellement ancrée dans les pratiques communautaires africaines, constitue de fait un mode de financement participatif.
Il s’agit donc de créer une cagnotte immobilière qui permet de financer un apport pour un crédit immobilier ou voire de financer un projet immobilier directement. Ce canal de financement serait juste à réinventer et peut séduire une plus grande majorité membres de la diaspora qui peuvent désormais investir directement et en toute transparence dans des projets immobiliers de leur pays d’origine.
Les émigrés restent sur leur faim en ce qui concernent l’accès au crédit immobilier. Ce n’est qu’en innovant et en réinventant les modes de financements que la diaspora sénégalaises, comme bien d’autres, ne sera plus un réseau de subsistance mais deviendra un vrai réseau entrepreneurial et surtout d’investissement.
Fatoumata Diop LO
AFSI INTERNATIONAL & SISAP C.E.O